Souffrir aujourd’hui pour espérer être heureux demain.
Un soir, j’ai croisé ma voisine assise dans sa voiture, immobile devant chez elle. Elle avait l’air perdu.
Sur un ton monocorde, elle m’a confié :
« Je n’en peux plus de ce travail, Virginie. Le jeu politique, mon boss, la pression sur les chiffres, le stress, la mauvaise ambiance… Je n’ai plus d’énergie. Je fais tout de travers. »
Mais alors, pourquoi rester ?
Je ne lui ai pas posé la question ce soir-là.
Elle avait besoin d’écoute, pas d’analyse.
Quelques jours plus tard, lors d’une discussion plus calme, je me suis lancée :
Pourquoi tu restes ?
Sa réponse m’a glacée :
« Le problème vient sans doute de moi. Je dois faire des efforts. Ça va passer… Il faut que je m’accroche. Je dois le faire, même si j’ai la boule au ventre chaque matin. C’est difficile de trouver un job comme le mien ici. Plus tard, ça ira mieux. Je serai contente d’avoir une bonne retraite. »
Alors, souffrir aujourd’hui pour espérer être heureux demain ?
Ça m’a laissé perplexe.
Bien sûr que cette histoire ne concerne pas tout le monde, bien sûr qu’il y a ceux qui changent de travail facilement, qui ont la possibilité de rebondir, qui n’ont aucune crainte (peu importe les raisons) de dire ce qu’ils pensent, qui sont d’un tempérament extraverti et n’ont pas peur du futur. Mais qu’en est-il des autres ? Ceux pour qui, le changement est compliqué, qui ne se sentent pas à la hauteur, se dévalorisent, qui se disent jour après jour, ça ira mieux demain, de toute façon « ailleurs, ce n’est pas mieux », « c’est comme ça ».
Jusqu’où est-on prêt à accepter ce qui ne nous convient pas au travail ?
Le monde du travail peut être brutal, voir cruel.
Les violences au travail sont un fléau mondial.
Selon une étude conjointe, la première du genre, de l’Organisation internationale du Travail (OIT), de la Lloyd’s Register Foundation (LRF) et de Gallup. datant de 2022, « plus d’une personne sur cinq (soit près de 23 pour cent) des personnes ayant un emploi ont subi de la violence ou du harcèlement au travail, que ce soit d’ordre physique, psychologique ou sexuel ».
Chacun a sa part de responsabilité sur ce sujet, de l’éducation que nous donnons à nos enfants, de la transmission par les enseignants, du comportement managérial dans les entreprises, nos collègues, notre famille, nos amis.
Je crois profondément qu’aucun job ne mérite qu’on mette de côté son bonheur, quel que soit l’objectif.
Je pense que nous devrions tous être garants de ce bonheur en étant vigilants à l’égard de notre entourage. C’est le collectif qui aidera aussi au bonheur individuel.
Pour aller plus loin :
https://www.ilo.org/fr/resource/news/la-violence-et-le-harc%C3%A8lement-au-travail-touchent-plus-d%E2%80%99une-personne-sur